Une fois de plus l'image de matériau traditionnel et de métier artisanal qui colle à la pierre, masque la réalité d'une partie de la filière, qui depuis plus de 60 ans revendique son évolution vers la rationalisation et l'industrialisation de ses activités. Le hasard de l'actualité nous propose deux témoignages qui démontrent, chacun dans leur domaine, la volonté de la filière et de ses entreprises, d'évoluer depuis longtemps vers les standards de l'industrie. C'est d'abord l'architecte Yvan Delemontey qui nous rappelle le rôle de la pierre lors de la reconstruction après la seconde guerre mondiale, et ses efforts pour répondre à la demande, en industrialisant ses process pour aboutir à l'âge de la pierre “prétaillée” (cf p.48). 60 ans plus tard, René Camart patron du groupe Rocamat, plaide lui aussi pour une évolution des grandes entreprises de la filière. Il insiste, lui, sur la taille critique des groupes, bien loin aujourd'hui de celle des autres producteurs ou fabricants de matériaux de construction. Il met en exergue les avantages de méthodes inhérents à l'organisation d'un grand groupe et l'importance pour une filière de disposer de puissants leaders (cf p. 46). Alors la pierre a-t-elle vocation à être un matériau “industriel” alors que certaines de ses caractéristiques et en premier lieu la versatilité que lui confère son caractère naturel, semblent plutôt représenter des contraintes ? Lorsqu'un architecte et le patron de la plus grande entreprise française de la pierre l'évoquent, même de manière très différente, c'est qu'il y a sûrement des gisements à creuser...