Le développement des carrés confessionnels nécessite de réfléchir sereinement
à l’idée de laïcité dans le cimetière.
La plus belle définition, à notre sens, de celle-ci relève de la façon dont les
membres d’une même nation adoptent des comportements leur permettant
de vivre ensemble.
Elle s’accompagne logiquement du refus d’ériger des barrières inutiles et nécessite
de lutter contre un réflexe de repli sur soi afin de préserver la paix, la
justice et l’égalité entre citoyens.
Ceci étant dit, la laïcité implique aussi que chacun puisse librement s’exprimer
et se faire entendre (ou comprendre).
Une sérieuse difficulté apparaît cependant lorsqu’une logique confessionnelle
s’appuie sur une explication globale et intangible de l’existence humaine pour
imposer des règles concernant non seulement la sépulture mais aussi le cimetière.
Il y a certes une violence à la liberté de conscience quand le droit objectif d’une
société contredit ce que l’on peut croire sain et obligatoire en matière de
conduite personnelle.
Mais il y a aussi violence au principe égalitaire lorsque des privilèges sont accordés
en fonction d’une foi particulière.
L’équilibre entre liberté individuelle et le nécessaire maintien d’une égalité de
traitement des usagers du service public est alors un exercice délicat :
- Est-ce que la liberté individuelle s’exerce en induisant des coûts supplémentaires
assumés sur le plan collectif ?
Dans l’affirmative, on entre dans le système du deux poids deux mesures.
- Derrière chaque choix, quelle motivation est à l’oeuvre ?
Si le fait de se conformer à des croyances religieuses cache le choix de rejeter
l’autre dans sa différence ou pire encore, s’il résulte d’un défi à l’autorité civile,
on entre alors dans le champ du pénalement répressible.
A l’inverse, si le champ de la loi et de la réglementation dépasse en l’état actuel
celui des droits fondamentaux individuels alors que la nature de la population
concernée a changé, la loi et la réglementation ne doivent-elles pas s’adapter
pour sauver le plus essentiel à préserver, c’est-à-dire la liberté individuelle ?
Un débat est nécessaire, englobant toutes les compétences concernées. Nous
le mènerons en ouvrant cette année nos colonnes à des opinions contradictoires
en la matière…