la filière pierre ubérisée ?

Le verbe “ubériser” vient de rentrer dans le dictionnaire de la langue française. Quoi de plus logique lorsque l’on voit comment les activités et les relations évoluent dans tous les domaines de l’économie et de la société.

Définition du Petit Robert : “déstabiliser et transformer avec un modèle économique innovant tirant parti des nouvelles technologies”.

Comme le démontre l’explosion récente des services de transport de personnes (Uber, Blablacar et consors), l’“ubérisation” trouve sa source dans les carences de l’offre traditionnelle, associées à une période économique difficile et à la facilité relationnelle offerte par les nouvelles technologies.

La filière pierre, comme tous les secteurs de l’économie, est donc exposée à une forme d’ubérisation. Commander un plan de travail ou un container de produits en pierre à l’autre bout du monde, consulter les stocks d’un fournisseur et pouvoir pratiquement tout acheter en ligne, est devenu un jeu d’enfants, qui, dans tous les cas, court-circuite les voies commerciales classiques. Et que dire des réseaux sociaux qui redéfinissent aujourd’hui complètement la manière de communiquer.

Avec la montée en puissance du B.I.M., la construction elle-même se voit soumise à une forme d’ubérisation avec la modélisation de tous ses éléments constitutifs et l’échange facilité de toutes ses données. Si l’on estime que ce système va favoriser l’emploi de matériaux et produits normalisés référencés dans des bases de données, quelle place va pouvoir y trouver la pierre naturelle ? La question est à se poser sérieusement.

Pas de chance pour un chauffeur de taxi d’exercer au moment de l’arrivée d’Uber ? pas de chance pour un architecte de devoir concevoir en intégrant le B.I.M. ? pas de chance pour un éditeur de journal papier de se trouver confronté à Google et Facebook ?

En tous cas, une chose est sûre, le combat institutionnel contre toutes les formes d’ubérisation ou d’“amazonisation”, s’il doit avoir lieu, est perdu d’avance. La facilitation qu’offrent les nouvelles technologies est telle, que l’on ne reviendra jamais en arrière. Il n’y a d’autres solutions que de le prendre en compte et de s’adapter. Souhaitons simplement que les règles du jeu soient à peu près équitables.