“Toutes les civilisations ne se valent pas...” paraît-il.

Pourtant, Louis Hourticq, historien d’art membre de l’Institut, explique en 1943 dans son ouvrage intitulé “La pierre de France” (à lire absolument pour tout bon pierreux qui se respecte), que la construction en pierre est un élément fondateur de notre civilisation, car “les vieilles pierres prolongent indéfiniment le passé...” Il ajoute que si “le Français renonçait à utiliser la pierre de son sol, il ne pourrait qu’oublier les qualités fondamentales de son génie ethnique. En abandonnant les carrières il laisserait se perdre un des plus rares trésors dont la nature l’a doté...”

Il parle aussi des Grecs antiques et de l’ascension de leur civilisation grâce à un métier fondamental, celui de marbrier et la capacité de cet homme de métier à donner au marbre “la souplesse de la chair vivante.”

Au-delà de la pierre, c’est au matériau et au métier que Louis Hourticq confère des valeurs de ciment de civilisation. Ainsi, les Bédouins d’Orient qui tissaient la laine de leurs moutons, ou les Mésopotamiens qui travaillaient l’argile, ont eux aussi fondé leur civilisation et l’âme de leur peuple sur leurs métiers, en méritant la même admiration que nous vouons à nos bâtisseurs de cathédrales ou à Phidias et ses artistes hellènes.

Un peu plus loin dans son ouvrage, Louis Hourticq affirme que “le métier de la pierre est à l’origine des notions les plus hardies de l’intelligence humaine” et que “l’architecture et la sculpture sont au départ de la connaissance et du progrès moral de l’humanité”.

Finalement il n’y a pas que les pierreux qui doivent lire cet ouvrage. Les architectes y trouveront toutes les raisons de continuer à prescrire la pierre, et certains politiciens, celles de reconsidérer leur vision des civilisations.