Erotique du cimetière
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Erotique du cimetière

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Érotique du cimetière

Enfin réédité, revu et augmenté après sa première parution qui lui valut en 1991 le Grand Prix de l’Humour Noir, Érotique du cimetière est un ouvrage de référence qui allie texte critique et florilège photographique noir et blanc comme il con-vient au sujet. Plus de deux cent cinquante photographies de l’auteur, sélectionnées parmi plus de 175 000 clichés qui composent à ce jour ses archives, nous emmènent dans une centaine de villes d’une trentaine de pays de New York à Hong Kong, de La Havane à Buenos Aires, d’Oslo à Barcelone, de Londres à Erevan, de Ham- bourg à Paris, de Prague à Zagreb et s’attardent en Italie, reine incontestée de la sculpture funéraire, en particulier à Milan et à Gênes.
Dans des chapitres aux titres évocateurs : Et mourir de plaisir, Péché d’amour péché mortel, Donner une forme pure à la volupté, Les secrets frissons des marbres, Phantasmes-objets du désir, nous voici plongés dans un étrange climat érotique où les champs de repos sont agités de furieux soubresauts, où les grandes passions ont des airs de petite mort, où les transports amoureux, les extases mystiques et les adieux pathétiques se donnent à voir sans pudeur sous le regard d’anges ambigus, parfois acteurs eux-mêmes. Après avoir rappelé que l’érotisme c’est la sexualité sans projet reproductif, l’auteur analyse l’unité mort-érotisme, cette exaltation des sexes par antagonisme avec la Mort, qui tente de répondre à l’angoisse métaphysique et au pourrissement inévitable. Il aborde les délicates en même temps que sulfureuses questions de fétichisme, forme douce de la nécrophilie, qui prête un pouvoir magique à un objet ou à un rituel, et de l’agalmatophilie, cet amour de la représentation sculpturale d’un objet désirable. Mais si l’amour et la mort sont un moyen d’évasion vers l’au-delà, il convient de ne pas oublier l’aspect social et religieux de cette sculpture funéraire qui s’empare de la femme «bonne à tout faire» et lui attribue des rôles sans concertation préalable. Celui de la femme pour l’homme, femme des Pères de la Nation, pleureuse et glorificatrice, celui de la femme pour Dieu, femme des Pères de l’Église, médiatrice et rédemptrice. À cette femme tour à tour et simultanément, selon Baudelaire, mu-se, ange gardien, madone en même temps qu’objet érotique destiné à être mère, femme horizontale soumise à la verticalité de l’homme, le cimetière, il y a peu encore, espace religieux, ajoute la femme mystique extasiée, couchée sur le lit de la croix. Si selon l’Église la beauté charnelle enveloppe une belle âme et que la recherche de la beauté c’est la recherche de Dieu comment s’étonner dès lors de la présence récurrente, allégories ou réalités, de toutes ces «belles comme un rêve de pierre» ? L’auteur n’en oublie pas pour autant l’ange androgyne, idéal artistique du 18ème siècle, qui va peu à peu se féminiser et le bel athlète foudroyé capable de susciter des émotions homosexuelles de moins en moins cachées. Dans un cimetière aujourd’hui en voie de standardisation réductrice et résignée, nombreux sont encore les témoignages d’un art qui prétendait faire oublier la décomposition par le spectacle de l’éternelle jeunesse, et refuser la mort en sculptant la beauté.
Laissons au sociologue Louis-Vincent Thomas le soin de conclure : «Depuis que j’ai lu ce livre et admiré ses images je ne puis quitter un cimetière sans évoquer la belle formule de Madame de Fontaine Martel qui déclara en 1780 sur son lit d’agonie : Ma consolation est qu’à cette heure, je suis sûre que quelque part on fait l’amour».

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