Quelle identité matérielle pour le Grand Paris ?

A l’heure où sont engagés de multiples débats sur ce que doit être le Grand Paris, ses limites, ses axes principaux, ses infrastructures, force est de constater qu’une question cruciale semble faire défaut : quelle sera l’identité de cette future métropole ? Et plus exactement, quelle sera son identité physique et matérielle ? Quels seront ses matériaux, ses ambiances, ses odeurs, ses couleurs?

A ce titre, le projet haussmannien est riche d’enseignements. Il a fait entrer la ville dans l’ère de la modernité, tout en intégrant certaines communes limitrophes, en conférant à l’ensemble une très grande unité d’atmosphères. Ainsi, le dernier grand projet urbain réalisé à Paris est indissociable du recours à certains matériaux très précis. Or, dans cette palette matérielle, la pierre y occupe une place prédominante. 

Ce constat historique nous pose aujourd’hui la question suivante : Alors que la ville de Paris, connue également sous le nom de « ville de pierre », tire précisément son rayonnement de son unité, qu’en est-il du projet de Grand Paris ? Doit-il coexister d’un point de vue matériel et symbolique avec le centre, ou doit-il au contraire prolonger ce qui est déjà là ? Plus concrètement, en considérant que le matériau pierre fait partie du patrimoine génétique de cette ville, est-il encore possible et envisageable de construire avec ce matériau ? Pour le dire autrement, la pierre peut-elle à nouveau jouer un rôle dans la définition de l’identité de la ville de Paris ? 

Ces questions seront l’occasion de répondre à des peoblématiques très concrètes sur la construction en pierre et de faire un point sur l’état de la filière pierre aujourd’hui, avec l’île de France comme cas d’étude, et l’exemple des carrières de Noyant comme objet d’analyse. 

Extrait-on toujours de la pierre en région parisienne ? Si oui, comment? À quoi sert-elle? Combien coûte-t-elle ? Quelles sont ses débouchés aujourd’hui? Peut-on encore construire en pierre massive et comment? Que dit la réglementation sur ce type de construction ? La pierre permet-elle de répondre aux contraintes réglementaires de plus en plus exigeantes au regard des nécessités de réduction énergétique? Pourquoi a-t-on quasiment arrêté de construire avec ce matériau ? Enfin, que dit la construction en pierre au regard des manières de répondre aujourd’hui aux questions environnementales? Peut-elle éventuellement contribuer à un changement de paradigme sur notre manière d’aborder en architecture la nécessaire transition énergétique ?

Pierre Levy est un jeune architecte animé d’un enthousiasme contagieux pour la pierre. Il s’est attelé à l’organisation d’un workshop dans le cadre du Grand Paris.

L’objectif est de sensibiliser étudiants et décideurs à l’histoire constructive en pierre de la capitale, et aux possibilités d’utilisation de ce matériau à l’avenir.

Une première session de visites, rencontres, conférences et travail de projet se tiendra du 25 au 29 avril.

Une seconde session se tiendra en juillet avec pour objectif la réalisation d’un pavillon en pierre en collaboration avec des compagnons du devoir.

Toutes les personnes intéressées par aider ce projet peuvent contacter Laurent Lehmann :  l.lehmann@eliet-lehmann.com

Numéro en cours
N°1035
03/2024
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