Sale temps pour les privés

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Alors même que beaucoup de régies sont passées sous statut de SEM pour échapper aux excès de la tutelle étouffante des règles administratives, un nouveau statut arrive qui cumulera en une seule structure, pour le meilleur mais aussi pour le pire, les caractéristiques d’une société anonyme privée et d’une administration entièrement dans les mains des collectivités territoriales. La nouvelle société publique locale, SPL, a été définitivement adoptée par vote du Sénat le 19 mai. Entre autres activités, elle concernera le funéraire en élargissant éventuellement le périmètre d’intervention du secteur public. Elle légalise aussi l’acquisition par les SPL d’une concession de service public sans appel d’offre, donc sans mise en concurrence. A priori on peut s’étonner qu’une telle mutation ait été votée par une majorité de droite. Or ici, pour comprendre les choses dans leur plus sauvage crudité et la raison de cette unanimité politique, il faut se remémorer plusieurs images : - la vue d’une bourgade dont les maisons de la rue principale sont à la limite de l’état de ruine alors que la voie publique est richement décorée par les jardiniers municipaux (luxe babylonien financé par les impôts locaux) - la révolte des élus locaux lors du dernier salon des maires consécutivement à la réforme des finances publiques (visite huée des ministres, absence de Nicolas Sarkozy) Il n’y a plus d’argent et le pays vit sous un double abus de standing, ce dont tout le monde a conscience, à droite comme à gauche, dans l’esprit des élus qui réfléchissent : - un Etat tournant le dos aux capacités réelles de financement par le pays (déficit de 1100 milliards d’euros en 2009 pour la seule gestion à la charge du gouvernement alors que la fiscalisation des activités économiques diminue) - en province la fonction publique a plombé les comptes nationaux avec un déficit de 157 milliards d’euros en 2009 (régions, départements et communes) et 115 milliards la même année pour ce qui concerne les ministères (abus chez les hauts fonctionnaires ?). Notre modèle social est au bord du gouffre avec un nombre inquiétant de collectivités locales en quasi faillite. La taxe professionnelle disparaissant, elle glonfle d’autant les incertitudes. Alors que de nombreuses charges ont été transférées depuis deux ans par l’Etat aux collectivités territoriales (sans contreparties suffisantes), la potion «SPL» surgit providentiellement pour assurer de nouveaux revenus aux collectivités territoriales en leur permettant de concurrencer le privé avec une supériorité indéniable de moyens. Une telle évolution ressemble à un projet d’épuration dissimulée des populations de fonctionnaires et à un blanc seing pour envahir à n’importe quel prix n’importe quel marché concurrentiel touchant à l’intérêt général. Ainsi les PME paieront une fois de plus les pots cassés d’un système complètement périmé, qui touchera le funéraire non pas du fait de services publics déméritants ou dépassés, loin de là, mais à cause d’un mouvement général de société où la peur des hommes politiques les empêche de régler courageusement les maux accablant la société française. Et qu’on ne nous cite pas ici l’Europe en exemple car si les SPL existent ailleurs, ce n’est pas pour les mêmes raisons ni dans le même contexte…
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05/2024
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