Les approches réglementaires prises en conséquence de la révision du statut
des cendres vont soulever d’énormes problèmes pour ce qui concerne l’ossuaire
et les reprises administratives de sépultures.
On risque de découvrir que le législateur aurait mieux fait de tourner ici sept
fois sa plume dans l’encrier avant de voter.
En effet, faut-il être bizarrement inspiré pour admettre qu’un corps puisse être
livré aux flammes et que les calcins soient ensuite broyés pour retrouver finalement
et miraculeusement, le statut d’un corps intact.
Psychologiquement, une dispersion de cendres ne peut être bien acceptée que
s’il n’est question, ici, que de simples produits du corps et non d’une équivalence
de cadavre.
Ou alors on les disperse pour qu’elles gagnent une valeur supérieure au corps
(fusion sacrée dans la pleine nature).
Or la déraison s’épanouit depuis la réforme de décembre 2008.
Les uns ont voulu limiter le transport d’une urne au seul usage d’un corbillard,
d’autres évoquent encore un possible statut pour l’herbe poussant sur un jardin
du souvenir, le tout au nom d’une hypothétique dignité…
Le «bel édifice législatif» trébuche déjà !
Les vivants se disputent l’accès aux cendres ?
Qu’ils redécouvrent tout d’abord les vertus de l’amour familial et des relations
de convivialité sociale…
Les vivants, choqués par la disparition accélérée du cadavre, s’accrochent-ils
à la valeur des cendres ?
Qu’ils réapprennent l’intérêt du culte du souvenir où la proximité du corps est
essentielle. Que les choix en faveur de la crémation soient également exercés
de manière responsable et non pas superficielle avec des arguments écologiques
«à quatre sous» ou des choix du «bon débarras au meilleur prix».
La réforme de 2008 a depuis singulièrement compliqué la situation sans pour
autant résoudre la problématique de base, c’est-à-dire le naufrage affectif,
moral et/ou spirituel de notre société.
Bien sûr, nos Parlementaires se sont renseignés au préalable de leur vote sur
l’existant ailleurs en Europe. Les crématistes en ont fait de même.
Mais tout ce monde n’a pas su s’entendre pour trouver une solution.
C’était oublier qu’ici, ce ne sont ni la législation ni la réalité des moeurs qui importent
mais la confrontation des deux, législation et moeurs, dans un mélange
original pour chaque pays. Changez un facteur de comparaison et tout change.
Nous sommes donc aujourd’hui en France dans une situation délicate avec KO
infligé par la loi à des habitudes prises depuis plus de 30 ans.
Le juste équilibre du décret Hortefeux (mars 2007) a ainsi été balayé par irrésistible
incontinence législative.
Il faudra dès lors soit se résigner aux flammes inquisitoriales du droit, soit ruer
dans les brancards d’une démocratie qui n’a pas su ici écouter ses citoyens…