Dispersez-vous !

0,00 € TTC
TTC
Quantité

Desservant l’humanisme bien réel du mouvement crématiste, certains ne sont pas des consommateurs communs mais des «consumateurs» prônant que la trace matérielle d’un humain soit traitée a minima ou éradiquée. Or pointe à l’horizon la technique de «résomation» qui consiste à dissoudre le cadavre en un sirop de soude caustique surchauffé et sous pression. En fin d’opération, il reste des résidus mous d’ossements blanchis que l’on peut ensuite réduire manuellement pour les transformer en engrais de sol. Le crâne garde en fait une apparence finale de visage en se recroquevillant. Il faut alors le broyer. Cette technique trouvera certainement de béates approbations chez les admirateurs du néant gazonné. Mais qui dénoncera cette réduction du cadavre en simple chose ? Où va-t-on ? Cette question se pose déjà depuis longtemps avec acuité. Témoin l’indignation outragée que soulève souvent l’emploi des termes incinération, incinérer. Les «bonnes âmes» vous précisent qu’on «crématise» un défunt et qu’on incinère des déchets. Où ont-elles trouvé cette subtilité dans la langue française ? Toutes les encyclopédies précisent que le sens premier de l’incinération se rapporte à la réduction en cendres des morts. Alors pourquoi cette affectation pompeuse dans les termes ? Si ce n’est pour donner le change, comme on appelle un balayeur, un technicien de surface… L’ingérence monstrueuse de la technicité dans le domaine de l’affectif gêne ainsi et malgré tout jusqu’à ses plus «chauds» partisans. Cet excès est cependant prolongé par un autre zèle tout aussi regrettable, celui de la rationalité excessive des espaces cinéraires. Est-ce parce qu’on peut confondre, en remplaçant le u par un o, le columbarium avec le colombarium ou plus précisément le colombier ? Le premier terme s’applique aux niches abritant des urnes. Le second s’applique aux batteries de volailles. Sur le terrain, pendant des décennies, se sont installés des columbariums aux allures plus avicoles qu’humaines tandis que les jardins du souvenir n’étaient conçus que comme des jardins de l’oubli. Oui certains amas de cendres sont choquants à la vue, même ratissés façon jardin zen, sauf à considérer à l’encontre du législateur qu’elles ne sont que des produits du corps humain, tout comme la moumoute d’Elvis Presley qui va être vendue aux enchères. Non la loi n’a pas changé le scandale quand il faut «karchériser» régulièrement les canalisations parce qu’elles sont bouchées par les cendres en aval de soi-disant jardins du souvenir. C’est à se demander si l’appellation «Douce France» peut s’appliquer à autre chose qu’au commerce de poulets en grande distribution ! C’est aussi toute la question posée par l’enquête menée avec les associations crématistes (voir page38) et par le concours de l’espace cinéraire que vous découvrirez au salon dans quelques jours…
200
999 Produits

Fiche technique

Numéro du produit
Type de produit
Genre du produit
Date du produit
Durée d'abonnement
Numéro en cours
N°324
05/2024
FEUILLETER SOMMAIRE VERSION PAPIER VERSION NUM.