«Imaginez qu’un jour une grande ville de province décide de réformer son plan de circulation
et que pour ce faire, elle confie l’établissement des sens interdits à une commission
«d’experts parisiens». A quelle administration appartiennent-ils ?
Quel principe les guide ? Mystère…
Seuls sont clairs, évidents et nets les résultats :
cette métropole régionale acquiert la gageure d’un imbattable record de gaspillage d’essence
et de pertes de temps.
En pays de dictature populaire, l’établissement des sens interdits serait confié à une commission
d’usagers tenus d’aller vite (médecins, infirmiers, garçons de courses, livreurs, postiers,
agents de police etc.).
Résultats d’économie d’essence et de temps à l’opposé de ceux obtenus par les «experts».
La leçon ? Laisser les gens de métier s’organiser eux-mêmes».
Sans vouloir idéaliser la révolution prolétarienne, admettez cependant que cette citation
du Révérend Père Martin pourrait définir ce que le funéraire connaît depuis 15 ans.
Pourquoi, face à ces «experts parisiens» le funéraire n’a-t-il pu prendre en mains son propre
destin ?
Tout d’abord parce qu’il est divisé sur le plan syndical, tout le monde en convient. Ensuite
parce que le militantisme professionnel mobilise peu et parce que les représentations
syndicales n’ont pas choisi le rapport de force, faut-il le souligner (sauf en 1998, tentative
qui a rompu la lune de miel au sein du CNOF).
Les professionnels auront-ils des chances, à l’avenir, de se faire entendre ? On peut en douter
si rien de fondamentalement nouveau n’arrive dans une France où la liberté des parlementaires
est illusoire tout comme l’indépendance de nos politiques, fussent-ils de
passage à l’Elysée. La France est devenue un fétu de paille sur le torrent de la mondialisation
et l’agent régulateur de ce système est la technocratie.
Rien ne changera donc sans l’inexorable bazar qui s’annonce et à l’issue duquel il faut
espérer un rééquilibrage des pouvoirs administratifs en faveur des professionnels.
A ce stade, et seulement à ce stade, l’idée de la gestion par des commissions professionnelles
départementales sera intéressante car il est vrai, comme le souligne intuitivement
Jean-Pierre Sueur, l’échelon national n’est pas le plus pertinent en la
matière.
Mais quand on en sera là, est-ce que le territoire de la France sera encore une réalité
tangible ?…