Confronté à une évolution défavorable des opinions, le gouvernement s'apprête à laisser filer une réforme funéraire qui ne fera pas que des heureux. Est-ce bien raisonnable ?... Il est vrai que nos députés feront peut-être sauter quelques dispositions problématiques de la proposition de loi dite «Sueur» déjà adoptée par le Sénat en 1ère lecture. Il en va ainsi des conseils départementaux de pompes funèbres, trop lourds à gérer et dangereux sur le plan concurrentiel (Voir dossier complet page 26). L'atteinte à la liberté des familles en matière d'esthétique des monuments semble aussi un danger qui s'éloigne. Subsiste cependant la perspective d'une interdiction de conservation des cendres à domicile. Ici, les opinions sont partagées. Mais n'en doutons pas, le gouvernement perdra de ce fait un lambeau supplémentaire de popularité. Et il y a l'imposition des devis-type communaux. Certes il faut maîtriser l'inflation des prix. Mais le moyen est-il efficace ? Combien faudra-t-il de devis à Paris pour une information impartiale des familles ? En l'état du projet de loi, nous nous dirigeons vers une situation ubuesque. Sans parler des recours pour publicité mensongère qui empoisonneront l'existence des malheureux prochains élus aux municipales. Et il y a aussi la face cachée de la réforme. Celle-là, en revanche, nous intéresse particulièrement. Le gouvernement va enfin faire sauter le régime des vacations de police pour libérer les effectifs des astreintes administratives et il va, tout aussi heureusement, envisager d'amender la loi de 1905. Mais pas comme vous l'imaginez, pas avec des carrés confessionnels mais avec des cimetières confessionnels. Et oui, comment créer des carrés confessionnels sans casser l'égalité du citoyen devant le service public ? Et pourquoi voudriez vous que nos communes financent une parcelle à usage privatif (hors des règles communes) en appliquant aux uns ce qu'elles refuseraient aux autres (délais interdisant les exhumations, par exemple) ? Ce gouvernement tente courageusement de désamorcer une critique virulente de nos lois. C'est une tentative de déminage. Or avec le temps, nous pensons que la «montagne» du cimetière confessionnel accouchera d'une «souris» car en réalité, la durée des concessions dépassera largement celle du fanatisme actuellement en progression, du moins faut-il le souhaiter pour la paix civile ...