editorial
Le pour et le contre
Quand les Français ont décapité le bon roi Louis XVI, c’est parce qu’ils étaient contre ses prédécesseurs qui se sont comportés en dictateurs.
Quand en 1905 la République s’est dissociée de la religion, c’est parce qu’elle n’en pouvait plus d’un catholicisme abusif et non parce qu’elle niait l’intérêt du religieux dans le fonctionnement social.
Quand les Français ont voté Hollande, c’est parce qu’ils étaient contre Sarkozy et quand ils ont choisi Macron, c’est parce qu’ils ne voulaient plus de têtes connues.
Dans le domaine funéraire, quand le législateur a voté en 93 l’abolition du monopole communal, c’est parce qu’il était contre OGF-PFG, tout le monde le sait…
Convenons que si nous sommes indubitablement des obsédés du «contre», nous agissons souvent, hélas aussi, comme des impuissants du «pour».
Le dernier message personnel que je vous adresse sur Funéraire Magazine se contentera alors d’attirer votre attention sur les effets malheureux de cette tournure de pensée.
Le principal terrain des dégâts occasionnés par cette façon de raisonner est la manière avec laquelle la filière construit son avenir. C’est pourquoi je suis inquiet, à divers degrés, pour l’évolution à court terme de la CPFM comme de la FFPF et de l’UPFP.
En revanche, les acteurs chez qui je discerne un fonctionnement sur le mode du «pour» sont les fournisseurs (CSNAF) dont la nature même des activités leur interdit d’être contre, sauf évidences partagées.
Empruntant le mode du contre comme d’autres caresseraient un fétiche, la filière se positionne ainsi à l’égard des ministères comme une courtisane qui leur demande invariablement un bouclier (obsession d’une logique contre quelque chose, contre le contrat obsèques en simple capital, contre la logique technique des ingénieurs sanitaires, contre la libre parole des médias grand public, etc.).
Ce réflexe est improductif car si l’administration était comparable à la peau d’un haricot, soyez certains que ce serait aux professionnels d’incarner la pulpe.
Quel que soit le sujet abordé, il faut être pour quelque chose. Par exemple, il ne fallait pas défendre l’abaissement de la TVA en masquant une aubaine de trésorerie mais en défendant honnêtement une affectation budgétaire avec reversement de TVA POUR le financement des funérailles des plus démunis.
Face au devis-type totalement décalé de la réalité et imposé avec fantaisie en 2008, la filière a perdu la bataille en «contrant» la loi par une influence-bouclier sur le ministère de l’intérieur. Résultat tout aussi fantaisiste : le modèle réglementaire de devis.
Il eut été bien plus productif d’être POUR une solution digne et réaliste comme un devis social à l’échelle nationale, par exemple. In fine, la violence financière peut se poursuivre sur des modèles réglementaires de devis et la filière a toujours aussi mauvaise presse…
Dans le dossier des contrats obsèques, les accords nationaux conclus sur le dos des familles ne pourront être dissous que POUR la promotion du droit des familles à bénéficier en toute liberté du meilleur rapport qualité/prix.
Dans celui du commerce en ligne, il faudra se positionner POUR le droit d’une négociation équitable protégeant le consommateur d’un enfumage sournois à distance.
Je quitte donc mes fonctions de journaliste POUR l’instant, je rejoins votre profession POUR des objectifs défendables et transparents et si je reviens un jour dans le journalisme, ce sera POUR des motifs précis alors même que j’ai dû renoncer (hélas pour mes idéaux) à y exercer un effort CONTRE des abus multiples se déroulant sous mes yeux depuis finalement 26 ans et 4 mois…
Fiche technique
- Numéro du produit
- 287
- Type de produit
- Funéraire magazine
- Genre du produit
- Editorial
- Date du produit
- 2018-06-01 00:00:00