édtorial, théâtre

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Au théâtre ce soir…

Premier coup de marteau du brigadier : les rachats successifs d’OGF par des fonds d’investissement.

Second coup : la croissance spectaculaire désormais de Funécap.

Troisième coup : la levée de rideau lors du prochain salon avec les Mutuelles qui arrivent.

Vous êtes nombreux à vous demander ce qui va se passer sur la scène .

Voici quelques éléments de réponses, obtenus dans un entretien fin septembre avec le trésorier d’une banque, c’est-dire le numéro deux de celle-ci.

Funéraire Magazine : «J’ai des craintes à l’égard de l’assurance-vie, véhicule des contrats obsèques. Aujourd’hui les 60 % de TME 1 imposés comme taux technique invalident l’avantage de recourir à de la prévoyance. Parallèlement, les frais faciaux de souscription sont maintenant limités à 5 % et les rendements financiers de portefeuilles diminuent drastiquement. Résultat, la réévaluation des contrats ne suit plus la hausse des prix dans le funéraire. Ne faudrait-il pas revenir à du placement bancaire pur et simple pour mieux revaloriser au fil des ans les sommes disponibles pour payer les funérailles ? 2».

Réponse : «Certes, ce ne serait plus une formule de prévoyance mais seulement un dépôt affecté par le futur défunt à son nom, ce qui est légal. Mais d’une part je ne suis pas certain de mieux revaloriser le capital disponible en restant sur des produits sécurisés et d’autre part je ne cherche pas aujourd’hui plus de cash. Ce qu’il me faut, c’est placer celui qui m’a déjà été confié en caisse. 70 % partent aujourd’hui à la BCE. Je lui prête à taux négatif, - 0,10 %, et reçoit chaque mois une facture de la Banque de France à ce titre. Je joue donc sur 30 % que je dois investir en sécurité et rentabilité pour soutenir la performance de l’ensemble de la trésorerie».

FM : «Alors c’est pour cela que les investisseurs arrivent dans le funéraire ? ».

Réponse : «Aujourd’hui n’importe quel acteur identifié de longue date sur ce marché considéré comme une niche rentable n’a qu’à soulever le petit doigt pour obtenir des fonds. Sachez qu’en ce moment, l’Allemagne ne me garantit qu’un taux à 0,30 % sur trois ans…».

Les capitaux arrivent donc dans les Pompes Funèbres par besoin de sécurité.

- Première conséquence de la situation : la recette qui consiste à échanger un système de services gratuit ou à prix coûtant contre un retour en production de contrats obsèques est à modifier, sous pression du contexte actuel. C’est pourquoi Christian Burrus (Fape-VF-Esca) est parti chercher Christian Matyczyk pour qu’il reprenne du service et c’est pourquoi, signe d’une re-christianisation du secteur, Christian Clavier a mis au point une astuce pour réassurer le contrat obsèques par voie de compte bancaire affecté (voir page 16 de ce numéro).

- Deuxième conséquence : la couverture des frais funéraires par la prévoyance se recentre sur le contrat en capital et se déporte, quand elle est adossée à une définition des prestations, sur la couverture globale des frais de fin de vie. Les acteurs de la santé et de la retraite arrivent donc dans les pompes funèbres avec une stratégie de concentration verticale (les mutuelles aujourd’hui, Médéric/Malakoff et AG2R autrement et certainement bientôt).

- Troisième conséquence : OGF et Funecap sont condamnées dans un premier temps à une concurrence dure et pourraient, paradoxalement, en venir dans plusieurs années à la solution d’un mariage/fusion pour permettre aux actionnaires de sortir par le haut. On peut en effet penser qu’à eux deux, la barre des 30 % du marché deviendra accessible dans quelque temps, ce qui permettrait une introduction valorisée en bourse.

Et les «privés» dans tout cela ? Ils sont désormais derrière le rideau. Il ne tiendra qu’à eux de revenir sur scène. A condition cependant d’avoir changé de costume, si tant est qu’ils osent ou sachent le faire…

1 - Taux Moyen d’Emprunt d’Etat.

2 - Le banquier dit : «La rémunération des contrats n’est possible en ce moment qu’en puisant dans les réserves financières. L’assureur ne pourra pas le faire pendant 9 ans, durée moyenne des contrats obsèques passés auprès des pompes funèbres».

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