editorial

0,00 € TTC
TTC
Quantité

«Cons-somateurs» ou familles ?

En tant qu’opérateurs funéraires, vous appelez vos clients des «familles» et non des consommateurs. La nuance est essentielle. Elle dépasse le niveau d’une différence de langage car toute la spécificité du métier est ici.

En exemple récent, citons le triste épisode des devis-types. Comme vous le constaterez dans notre article page 24, la preuve est faite que l’ordonnancement réglementaire d’un formulaire de devis et son affichage obligatoire en mairie sont des mesures qui se contournent facilement quand on veut rouler des clients dans la farine. Ce n’est possible qu’en réduisant la famille au simple statut de consommateurs. Ces derniers, impersonnels au regard de stratégies purement commerciales, sont à la merci de pratiques essentiellement publicitaires.

En effet, cela ne dérangerait pas certains de tapisser tous les murs de tous les services d’état civil de France avec des devis.

A l’opposé, au niveau d’une structure locale, le souci quotidien est d’aligner les moyens de l’entreprise avec les missions à mener le jour même, bien souvent dans l’urgence ou la précarité. La structure locale relève ainsi du miracle permanent et dans ce contexte, l’affichage des devis en mairie est pour elle une charge de trop, inutile et même inefficace.

Il est alors important de reconnaître que c’est au niveau des ces structures locales, publiques et privées, que les proches ont le plus de chances d’être considérées comme des familles et non pas au statut périlleux de simples consommateurs.

Or dès ce mois de mars, «l’ami des pompes funèbres» a fait diligence pour mettre au point un texte qui permettrait de sanctionner les entreprises ne déposant pas de devis en mairies. Le même est en train de découvrir, alors qu’on le lui a dit depuis 2006, que seul un devis réalisé à l’échelle nationale aurait une utilité de recours pour les familles les plus démunies.

Revenons parallèlement sur la différence entre ceux que j’appelle les «cons-somateurs» et ceux qui bénéficient de l’appellation familles.

Tous les endeuillés ont le droit à l’appellation «familles» mais tous ne sont pas traités comme telles. Dans mon néologisme «con-somateur», il y a le mot «con» et le mot «somateur», celui qui donne son corps (le soma en grec).

Concernant la mort et ses conséquences, tout tourne autour du corps.

Les membres de la famille sont pris pour des cons si :

- les soins sur le défunt (ou leur absence) ne respectent pas les rites et surtout les conceptions que l’on peut avoir de la dignité humaine, de la mort et l’au-delà

- l’hommage rime avec «mauvais fromage», c’est-à-dire avec le trop ou le pas assez

- le monument n’est pas plus particularisé ou symbolisé qu’un panneau indicateur routier.

Dans le funéraire mais aussi partout ailleurs il y a mille et une façons de prendre les gens pour des cons.

En prévoyance funéraire, c’est quand un financier promet aux souscripteurs et à leurs bénéficiaires l’assurance du respect des dernières volontés ou une fadaise du type «on vous garantit le meilleur comparatif de prix ou de rapport qualité/prix» alors que tout se fait sur facture ou par téléphone, sans vérification concrète sur le terrain ou, à défaut, sans recourir à un process comptable et commercial transparent et validé par une logique professionnelle sérieuse.

Au Parlement, enfin, prendre les gens pour des cons, c’est voter une loi en toute abstraction de son contexte d’application. Témoin ce qui se passe depuis février avec l’histoire des scellés posés par les pompes funèbres et le grand cirque contradictoire qui se constate d’une commune à l’autre, où tout et son contraire se dit et se fait.

Cela mériterait que les vis de cercueil soient recouvertes (scellées) avec du ciment prompt, le tout accompagné de l’exclamation suivante : «Ah les cons !»…

254
999 Produits

Fiche technique

Numéro du produit
Type de produit
Genre du produit
Date du produit
Durée d'abonnement
Numéro en cours
N°328
02/2025
FEUILLETER SOMMAIRE VERSION PAPIER VERSION NUM.