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Ahmed est à nous !

Les attentats de ce mois ont choqué chacun d’entre nous et entraînent aussi des considérations relevant des compétences funéraires. On constate à quel point votre branche d’activité peut être impactée par l’actualité politique. Témoin le luxe de précautions  lors de cérémonies à caractère exceptionnel.

Il y a eu aussi la question des obsèques des terroristes qui a inévitablement suscité la prévention des communes concernées. Mais la loi est la loi, tant mieux dans ces circonstances précises.

Reste en bout de course les turpitudes d’un Islam qui a du mal à trouver ses marques, tant dans le quotidien de la vie collective en France que dans nos cimetières.

Faut-il que les terroristes soient enterrés dans un carré musulman, comme ici à Gennevilliers ?

L’acceptation de leur inhumation dans un carré musulman est-elle plus souhaitable que celle d’un athée, d’un chrétien, d’un juif  ou même d’un «polythéiste» ? Ce serait bien que le Comité Français  du Culte Musulman ou même le moindre prêcheur musulman nous donne son opinion à ce sujet.

On voit bien, en effet, que l’Islam en France se prend ici au piège de ses partis pris. En effet, la masse des Musulmans français outrés par ces attentats et s’unissant à leurs compatriotes ne doit pas nous faire oublier les réactions contraires de la rue arabe dans le monde et même dans nos banlieues (à Besançon, des feux d’artifice ont été lancés en soirée des attentats pour les célébrer avec joie). Se masquer cette réalité devient réellement dangereux car elle écarte par postulat un constat qui devrait nous permettre de mieux anticiper et contrôler de tels drames tout en poussant les instances musulmanes à prendre à bras le corps leurs responsabilités théologiques devant la nécessité d’une cohérence sociale en France.

A ce titre, je regrette personnellement l’inhumation d’Ahmed Merabet dans un carré musulman.

Ce policier dont l’assassinat nous a profondément écœurés et révoltés est le symbole même du Français issu de l’immigration que nous aimons tous. La sensibilité du regard et la franchise du sourire que nous découvrons sur la photo de son visage achève de rendre absolu le deuil que nous portons suite à son assassinat.

Certes, il ne faut pas placer le deuil de l’un au-dessus de celui des autres ou de chacun figurant parmi les victimes. Néanmoins, je suggère ici que l’image du visage d’Ahmed Merabet devienne un recours contre la tentation, pour un Français de souche, de nourrir un ressentiment général contre tous les Français d’origine immigrée. Notre société, exaspérée par une violence et une morgue qui pourrit la vie quotidienne, a besoin de se référer au visage d’Ahmed pour contrebalancer l’image d’encapuchonnés sordides.

Or, si une cohésion nationale s’est réveillée le 11 janvier dans la rue, magnifiquement il faut bien l’avouer, elle s’affaiblira aussi rapidement qu’elle est apparue si nous n’en restons qu’au stade de la posture «je suis Charlie».  Il faut donc couper court à nos erreurs :

- Ne comptons pas vivre en paix si nous approuvons des caricatures humiliant et rabaissant la foi de nos prochains, quelle que soit celle-ci (en réalité, Charlie Hebdo n’a pas critiqué le Prophète mais seulement les Musulmans, ce que leur orgueil empêchent d’accepter)

- Ne comptez pas vivre en paix si vous admettez que des catégories d’individus nuisent à l’intérêt général pour imposer leurs choix particuliers

- Ne comptez pas vivre en paix si vous ne réagissez pas quand vos élus et vos gouvernants se trompent ou vous trompent en trahissant les principes constitutionnels

C’est au regard de ces trois considérations que ce numéro revient en détail sur la question des carrés musulmans, relancée par un récent rapport sénatorial qui me choque profondément par son inconséquence et son manque de rigueur intellectuelle. Nous courons en effet à la catastrophe si une loi vient à rendre obligatoire les carrés musulmans et si, en conséquence, la laïcité constitutionnelle venait à être ruinée par un lobby régressif sur notre sol.

Au contraire, une pétition aurait dû, je le crois, demander à la famille Merabet d’accepter l’inhumation d’Ahmed parmi nous, au cœur même de nos tombes indissociées et de notre sensibilité commune.

La mémoire d’Ahmed appartient à nous tous parce que nous l’aimons. Mais les Français n’ont pas su le dire assez fort, à sa famille et aux Musulmans en général, et là encore ils ont raté, à mon avis, une opportunité de réflexion collective pour faire avancer notre société dans le bon sens…

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