Par la terre et par le feu…

Trop souvent les professionnels considèrent que leur rôle consiste à fournir des produits et services avec en corollaire une dose minimale de gentillesse. C’est bien mais cela ne suffira pas. Rappelons que nous atteindrons sous peu 60 % de funérailles à caractère crématiste alors que quelques décennies auparavant (et dans le funéraire c’est peu), une telle option était encore choquante.

Rappelons aussi qu’en 50 ans, la France a connu un repli historique de ses églises ainsi qu’une révolution des mœurs, réalités qui fondent aujourd’hui une demande sans cesse croissante de cérémonies civiles. Nos contemporains se tournent alors vers le professionnel funéraire en attendant de lui une réponse extraordinaire à des besoins pour lesquels des exigences de compétences nouvelles s’imposent.

Pour l’heure, timidement à notre avis, les cycles de formation dans la filière débouchent sur une meilleure adaptation des conseillers funéraires à cette situation insolite.

Mais il faudra aller plus loin. Dans la conception des points d’accueil commercial et des espaces de services aux familles tout d’abord. Les enseignes nationales produisent aujourd’hui des efforts remarquables pour améliorer le confort, la détente psychologique et la qualité du contact entre le professionnel et ses interlocuteurs endeuillés. Certains services publics sont également très en pointe dans ce domaine. Du côté des indépendants, tout est possible, le meilleur comme le pire, avec parfois une vue à court terme.

Ceci étant dit, rendons grâce à cette dernière décennie pour les progrès qui ont été réalisés dans la filière tant en matière d’équipements que de dotations immobilières.

Mais l’humain, malgré tout, ne se quantifie pas en investissements sonnants et trébuchants. Il faut et même, il en faudra de plus en plus, du personnel détenant de nouvelles qualités dans le contact humain, tant pour mener un entretien commercial sous-tendu par une vraie déontologie que pour assumer le rôle central d’une cérémonie improvisée en dehors de toute tradition séculaire. C’est un formidable défi qui est à relever par les professionnels les plus qualifiés et les plus sensibilisés à leur métier. La situation économique se dégradant, les mœurs aussi, les contraintes du savoir vivre et du savoir mourir se réduiront à tel point que toutes les ficelles commerciales, mondialisées ou non, numérisées ou non, vont inéluctablement polluer la tonicité économique de la filière.

Si vous acceptez de travailler avec des marges épaisses comme du papier à cigarettes et dans des conditions de productivité pénibles, avec l’incertitude de faire survivre votre unité commerciale, alors laissez faire les choses. Soyez «In», soyez «Net» et rejoignez le monde sado-maso où tout est gratuit, frétillant, creux et/ou faux.

Dans un monde où le «rigolo de la dernière averse» prend des allures d’expert, il faut investir dans la formation, dans la qualité et la stabilité du personnel. Parallèlement à cela, il faut comprendre que la limite entre le produit et le service s’estompe au profit d’une nouvelle notion capitale : la mission à accomplir.

Pensez y quand vous irez au salon Funéraire Paris pour acheter un cercueil, un corbillard, un monument, etc. Vous n’êtes pas un fournisseur de meuble ou d’ultime demeure, vous êtes un fournisseur de solutions à tous les problèmes rencontrés par votre client au rang desquels les soucis matériels sont tous mesurés à l’échelle du besoin psychologique.

Alors foncez, cette période est formidable pour les passionnés !

Entraînez ceux qui sont comme vous dans l’entreprise. Créez un cercle de qualité dans votre milieu de vie et considérez votre métier comme un art au service de votre prochain.

Avec ou sans croyance particulière, par la terre ou par le feu, l’humain reconnaîtra l’humain, l’honnête reconnaîtra l’honnête. Tout le reste est baratin…