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Vitamines de décembre

Les pompes funèbres essuient toujours des critiques extérieures mais aussi, hélas, venant en interne de la filière et visant l’instrumentalisation d’une opinion publique prompte à critiquer les professionnels de la mort. Vous êtes également nombreux à vivre sur le terrain une situation concurrentielle qui se durcit considérablement. Votre métier encaisse aujourd’hui trois défis successifs dont l’incidence ne pourra que progresser : la vente de funérailles sur Internet, l’émergence du low cost qui risque d’être appliqué mala- droitement et l’arrivée de vagues inédites de nouveaux entrants attirés par une surestimation des profits générés par les activités funéraires. Concernant le fond qui justifie votre intervention auprès des endeuillés, le pessimisme est aussi une tentation : la valeur «famille» attaquée de toutes parts, la courtoisie, l’honnêteté, la rigueur, en gros, tout ce qui anoblit l’humain semble fléchir d’année en année, de décennie en décennie. Reconnaissez que les conditions d’exercice de votre profession se sont dégradées pour ce qui concerne le contact avec les familles.

En tout cas, l’évolution collective de nos comportements n’incite pas à la joie.

Et dans le funéraire, c’est plus compliqué que partout ailleurs car les obsèques résument l’essentiel d’une vie et des notions partagées en commun.

Face à un cadavre s’impose naturellement la question du «à quoi bon ?».

Y répondre est important pour tout un chacun mais c’est encore plus vital pour vous, chers lecteurs qui avez la charge de vous investir au quotidien dans un enjeu psychologique aussi lourd que la mort. Vous êtes des marginaux au sens noble du terme car vous êtes en prise directe avec ce que la majeure partie de vos concitoyens s’acharne à éliminer de leurs pensées, par besoin de confort.

Or en ce temps qui précède Noël, à l’heure où nous écrivons cet éditorial, l’envie nous prend de vous suggérer quelques constats soutenant malgré tout l’optimisme.

Christophe Queruau Lamerie*, un auteur sur la spiritualité, a recensé quelques données rectifiant le diagnostic possible de la situation dans notre pays :

-  85 % des Français s’estiment heureux mais 65 % pensent que les autres ne le sont pas

- il existe 2 500 associations caritatives en France

- les restaurants du cœur distribuent annuellement 115 millions de repas

- Emmaüs compte 13 000 bénévoles

- la France compte 250 000 pompiers et secouristes volontaires

-536 000 conseillers municipaux donnent de leur temps contre un modeste défraiement

- il existe un million d’associations françaises mobilisant 11 millions de bénévoles et salariant 1,5 million de personnes

- 7,4 millions de bénévoles de proximité rendent des services à leur voisinage. Comparés au nombre annuel de crimes et délits (744 000 en 2009, on doit estimer le nombre de malfaiteurs à 1,5 million quand on sait que l’élucidation ne représente que 40 % des affaires traitées, soit seulement 2 % de la population), le rapport entre les actes bienveillants et les actes malveillants penche largement du bon côté (x 10).

Or seulement 17 % des jeunes Français ont confiance en l’avenir de leur pays.

Il existe ainsi une sinistrose ambiante dont les valeurs équivalentes (catastrophe, malveillance, effroi) nous ramènent à la façon d’aborder la mort, avec ou sans sérénité.

La filière funéraire est donc en prise avec une composante majeure du moral de notre nation.

Pour chacun d’entre nous il faut choisir entre une théorie et son contraire : croyez vous que l’homme soit un loup pour l’homme ? Pour notre part, nous croyons fermement que le «bien» est plus fermement ancré dans l’homme que le «mal» et c’est cette conception qui nous a soutenu dans les années où nous exercions la profession de pompes funèbres…

* Réincarnation et lois cosmiques, éditions Dangles 2012

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