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Blocages absurdes

En préparant l’article paraissant sur ce numéro page 26 nous avons appris que des familles touchées par le décès d’un des leurs pendant la tempête Xynthia ont failli ne pas pouvoir récupérer le corps autrement qu’en cercueil fermé, le délai des 48 heures imparti pour effectuer le transport sur civière étant épuisé. Selon nos informations, la Préfecture de Vendée aurait refusé une dérogation exceptionnelle, appuyée par une consultation auprès du ministère de l’Intérieur. Toujours selon nos sources, le refus viendrait de deux  fonctionnaires de base, l’un en Vendée, l’autre à Paris, pour finalement voir la situation débloquée par la décision courageuse du maire compétent, appuyé alors par le Président actuel du Conseil Général.

Dans l’absolu, si ces faits sont avérés, ce serait une honte administrative, qui rajouterait de la douleur à la douleur en même temps qu’elle illustrerait une étroitesse d’esprit abyssale,  susceptible en outre de faire peser sur les administrations un opprobre généralisé mais hélas fondé.

Parallèlement à cela et malheureusement, la préparation de ce reportage nous donne l’occasion de pointer l’index sur des lacunes tout aussi regrettables dans le secteur privé.

En effet, dans la tourmente des conséquences de la tempête, Fabrice Bory fut confronté à une pression terrible : recevoir en 5 heures l’équivalent de son activité normale sur 4 mois avec en outre les joies de la réquisition dont les contours ont été définis très au-delà d’une simple opération de levée de corps sur voie publique.

Dans ce contexte, il a pu compter sur la solidarité des membres de Point Funéplus, réseau dont il fait partie et des entreprises engagées avec lui dans la certification NF pompes funèbres (Eric et Catherine Sautreau, PF Moreau dans la Vienne, PF Goudal dans la Manche, PF Dedion dans le Loir et Cher et PF Robin et Talmondaises en Vendée. Sans compter l’implication du siège de réseau avec Loïc Rodde, lui-même en Vendée).

Simo Funéraire, son fournisseur, a aussi largement répondu à l’appel.

Mais Fabrice Bory nous signale parallèlement qu’à cette occasion, il a pu mesurer les limites de la solidarité de filière, voire les tensions concurrentielles qui existent en marge de circonstances pourtant dramatiques.

«Solidarité», tel devrait être le maître mot des professionnels sur certains sujets.

Témoin cette norme NF de pompes funèbres qu’une poignée de volontaires maintient à bout de bras pour qu’elle existe et qui les lie d’amitié, comme le prouve la réaction de solidarité autour de Fabrice Bory devant les conséquences de la tempête.

Oui mais jusqu’à quand si personne ne les rejoint ?

Le gros des effectifs de pompes funèbres n’y va pas, les uns parce qu’ils prétendent y voir  une manœuvre de la CPFM et des PFG, les autres parce qu’ils n’ont pas encore compris l’intérêt d’un effort concret de régulation de leur entreprise.

Mais que chacun réfléchisse à ceci : le marché sera très bientôt contrôlé en amont. Pour arriver à cela, il suffit de maîtriser une masse critique de clientèle dont dépend l’équilibre financier des entreprises de pompes funèbres. Une PME devra répondre soit à des critères de marque, soit à un référentiel reconnu par celui qui, venant de l’amont institutionnel, lui demandera d’organiser les funérailles au profit de ses clients.

Pour la majorité des entreprises, un choix devra donc s’exercer dans de brefs délais :

- en adoptant une enseigne nationale qui, de son côté, prend des engagements auprès de tiers, notamment financiers, l’entreprise s’oblige à être à la hauteur d’un pari qui se joue à l’échelle collective.

- en optant pour le maintien d’une indépendance totale, l’entreprise devra offrir à des tiers nationaux un profil de produits et services reconnu par un gabarit de qualité.

C’est la vocation naturelle d’une norme. Demander à celle-ci d’être connue avant d’y adhérer, c’est placer la charrue avant les bœufs car la dynamique d’une norme est entraînée par le nombre des «certifiés». Or le délai pour soutenir l’existence de la norme NF se raccourcit dangereusement. La voir disparaître serait un mauvais signal pour les indépendants, peut-être même le présage d’une forme d’esclavage à venir…

 

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