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Love Cost

Suite à la publicité des services funéraires de la ville de Paris, un vieux monsieur interrogeait en juillet dernier une respectable professionnelle funéraire pour qu’elle lui indique où trouver un point de vente «lov’Cost» en Ile de France…

Or tout écart de prononciation mis à part, le low cost concerne depuis longtemps le love cost dans le funéraire.

Témoin les paroles de la chanson «grand’père» de Georges Brassens :

«Chez l’épicier pas d’argent pas d’épices, chez la belle Suzon, pas d’argent, pas de cuisse, les morts de basse condition, c’est pas de ma juridiction…».

Et d’en arriver, en toute logique, au troisième couplet :

«Le mieux à faire et le plus court, pour que l’enterrement suivit son cours, fut de porter sur notre dos l’funèbre fardeau…».

Dans cette chanson, vous noterez que les professionnels funéraires sont classés dans les «empêcheurs d’enterrer en rond».

Qu’est-ce que c’est la rondeur dans ce propos ?

C’est évidemment un élan qui permet d’assurer sans encombre, comme il se doit, un dernier hommage bien mérité par le défunt.

Deux obstacles sont relevés ici par Brassens :

- le prix trop cher, inaccessible à la bourse familiale

- le refus du professionnel d’intervenir sans contrepartie

Dès lors, le low cost peut-il apporter une rondeur au déroulement des funérailles s’il remplace le prix trop cher par le principe du «faites le vous même»?

Le fait de retrancher des prestations quand le niveau familial de ressources financières n’est pas au rendez-vous nous semble négatif s’il ne découle pas d’un choix exercé sereinement et librement par les proches du défunt.

Dans un contexte général comme celui d’une communication au grand public, nous lui préférerions une communication équivalente au «yes we can» qui a installé Obama au Capitole et que pratiquent depuis toujours les bons professionnels funéraires.

N’oublions pas que celui qui est atteint de plein fouet par la perte d’un proche se sent dans l’urgence de faire un maximum en la circonstance. C’est un besoin humain normal et incontournable, un «love cost» dont l’insatisfaction peut déboucher sur une complication ultérieure du deuil.

Pour sortir du rôle d’empêcheur d’enterrer en rond, le professionnel ne doit donc pas renvoyer la famille vers une solution d’organisation qui laisserait entendre qu’on n’a pas fait le maximum, «comme il se doit».

L’avertissement de Brassens est clair dans le cas où le low cost ne déboucherait pas suffisamment sur du «love cost» et si, en définitive, cette formule en venait à être perçue comme une supercherie commerciale :

«j’lui bottai le cul au nom du Per’, du Fils, du St Esprit».

De surcroît, le plus risqué dans cette affaire pour toute la filière serait l’émergence d’un cafouillage de communication extérieure.

En effet, comment affirmer pendant des décennies l’utilité des services professionnels et d’un seul coup prôner un recours différent sans risquer une confusion gênante ?

Brassens a ici encore la réponse : «et c’est depuis ce temps-là que le funéraire, Ah ! c’est pas joli, Ah ! c’est pas poli, a une fesse qui dit merde à l’autre.» …

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