

Quand il n’est pas malade, pervers, dangereux, le fou est un moteur, une
mouche du coche qui fait avancer l’attelage.
Mais qu’est-ce qu’un fou ? C’est un être hors normes, inspiré par une idée ou
par un idéal sortant du rationnel.
Or le hasard des voyages nous a placé sur une diagonale de fous qui traverse
la France de Strasbourg à Bayonne.
A Strasbourg nous y avons découvert un groupe de pompes funèbres coalisées
en nouveau syndicat départemental.
Ce groupe se réfère à un code de déontologie qui pétille de nouveautés salutaires
puisqu’il contient des mesures de confraternité inspirées de pratiques
d’un autre âge, celui où les hommes étaient capables de bâtir des cathédrales
(voir page 18).
Plus au Sud et à l’Ouest, dans l’Aveyron et le Tarn, nous avons rencontré une
Hollandaise, Marietta, implantée en pompes funèbres depuis trois ans pour
promouvoir en milieu rural une conception originale d’assistance aux familles
touchées par un deuil, inspirée par une philosophie de vie.
Au-delà du «fou-rire» des débuts, elle a su gagner la confiance de la population
locale et l’estime des professionnels régionaux (voir page 22).
Et comme la folie est contagieuse, elle a trouvé sur son chemin Corinne Laveissière,
sculpteur en Aveyron qui, depuis son expérience personnelle d’accompagnement
des mourants et des familles, propose aujourd’hui une
méthode de célébration des funérailles civiles (voir page 26).
Les chemins de la folie nous ont ensuite mené en périphérie immédiate de Pau,
aux établissements Suzanne, où s’implique un retraité hors du commun,
Pierre-Yves Fontaine professeur d’arts plastiques. Son idée est de soutenir
qualitativement l’entreprise, son niveau d’emplois locaux et la culture spécifique
du funéraire à travers le développement d’une ligne de monuments cinéraires
à forte valeur symbolique (voir page 54).
Enfin, la cerise sur le gâteau, Rémy Pochelu est éducateur social près de
Bayonne quand il sculpte sa première pierre en 2004. C’est le coup de foudre
suivi d’une reconversion immédiate. Féru d’histoire locale, de culture basque
et d’art sacré, il crée depuis huit ans des espaces cinéraires et des tombes personnalisées
en conseillant les communes et en développant la tradition des
stèles discoïdales (voir page 50).
Voilà dans toute leur diversité un ensemble de personnes qui portent des espoirs
pour toute la filière funéraire.
Leurs engagements respectifs sont autant d’affirmations en faveur de la qualité
humaine. Ils méritent d’être soutenus tout comme ils viennent enchanter le
contenu de ce numéro.
Vive les fous ! Et pour répondre aux éventuels esprits chagrins, nous leur rappellerons
ce vieil adage chinois :
«Est fou celui qui se croit sage mais est sage celui qui se sait fou»…
Fiche technique