

Jésus crématiste avant l’heure…
L’actualité est dense : présidentielles, cinquantenaire de l’indépendance algérienne et approche de Pâques.
Elle est dominée par les morts, jugez en :
- fantômes politiques (De Gaulle et Mitterrand);
- fantômes d’innocents tués sauvagement en Algérie et cachés par l’histoire
officielle des deux pays;
- cycle de mort et résurrection attachés à la fête pascale.
Paradoxalement, si le caractère spirituel de ces évènements n’est généralement
pas privilégié comme angle de réflexion, il n’en demeure pas moins pour
la filière une source de décryptage en temps pascal.
Mars 2010 : notre dossier sur l’Eucharistie et les funérailles avait pour but de
démontrer que le «logiciel de pensée chrétienne» a pour fondations la mort du
Christ et le repas de communion selon une cohérence de pensée funéraire.
Notre réflexion à ce propos trouve un prolongement ici :
- «laissez les morts enterrer les morts», St Luc 9/60
- «pourquoi cherchez vous parmi les morts celui qui est vivant ?» St Luc 24/5
Dans la première affirmation, on pourrait penser que le Christ est opposé aux
pratiques de funérailles et dans la seconde au culte du souvenir.
Or un homme qui a prêché l’amour humain ne peut pas s’opposer à l’expression
des sentiments dans des rites. Il a seulement rappelé ici la prééminence du
spirituel sur l’apparence du matériel concret. En cela, on peut valablement dire
que son exemple et ses paroles rejoignent les idéaux crématistes (le vrai tombeau
des morts, c’est le coeur des vivants/concept de la terre aux vivants/modération
du faste des funérailles, etc.). Jésus crématiste avant l’heure, avouez
qu’il fallait y penser ! Mais faut-il s’en étonner ?
Il s’est battu contre les Pharisiens (partisans du dogme) et a renvoyé les Publicains
(les financiers) à leurs basses besognes. Le spirituel rime avec énergie,
mouvement (et donc la vie), le matérialisme et le dogmatisme avec la mort.
La vraie pensée christique (et non chrétienne au sens religieux du mot) est ainsi
contre tous les dogmatismes et pour toutes les libertés dans le respect de chacun.
Elle force à choisir entre un funéraire dominé par la matérialité (publicaine)
ou dogmatique/politique (pharisienne) et un funéraire animé par
l’énergie de l’esprit/amour qui se base sur un lien authentique entre morts et
vivants, que ce soit devant un monument traditionnel ou sur une tombe virtuelle.
Clairement, le Christ refusait un funéraire pauvre de sens ou déshumanisé et
approuvait le génie des rites funéraires puisqu’il a créé celui qui est le plus fort :
la communion, naturelle et/ou surnaturelle, sous forme cultuelle ou dans une
équivalence en cérémonie civile. Et ce n’est pas l’exemple de la minute de silence
décrétée en mémoire solidaire pour les enfants de Toulouse et leur famille
qui démentira nos propos…
Fiche technique