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A mort, amour et humour

La mort peut apparaître comme la plus extrême distance, celle qu’il est impossible de franchir parce qu’elle équivaudrait à un anéantissement total et définitif.
L’amour, à l’inverse, est souvent considéré comme un élan fusionnel qui unit deux êtres, réduisant ainsi la distance entre eux à la volonté de ne faire qu’un. L’une et l’autre de ces affirmations sont à relativiser.
La mort est effectivement concevable comme une extrême distance lorsqu’on ne voit pas plus loin que le bout de son nez, c’est-à-dire pas plus loin que la matière visible au moment où s’exercent nos cinq sens.
L’amour est effectivement une fusion lorsque notre vie affective est essentiellement centrée sur ce qui nous semble agréable et profitable à notre ego.
Mais tout cela est un peu court. La dimension physique des choses ne peut pas tout expliquer dans l’exercice de notre conscience. Les glandes endocrines complètent l’action du cerveau et délocalisent la conscience de la tête vers l’ensemble du corps. Ce que nous appelons conscience résulte moins de l’activité du seul cerveau que du fonctionnement d’un ensemble corporel qui lui même dépend d’une énergie vitale.
Penser est donc une énergie s’exerçant momentanément sur un objet et quand cet objet disparaît (ou meurt), rien n’indique que l’énergie ne soit pas disponible pour un contact sous un autre mode. Voilà en quelques mots ce qui contredit la conception actuelle et désastreuse de la mort par la majorité des Français.
Mais plus grave encore est cette conception de l’amour qui passerait par la gratification de sensations agréables avec autrui. Cette approche du bonheur qui nécessite l’intervention d’un(e) autre tourne le dos à l’ineffable plénitude que l’on ne peut seulement trouver que dans son for intérieur. Armé de cette expérience, l’humain peut alors dispenser de l’amour vers autrui sous le mode du don gratuit, sans recherche de gratification en retour.
Il faut donc avoir de la compassion pour soi même avant d’envisager de la diriger vers les autres. C’est ce que nous nous sommes dit pendant le salon funéraire de ce mois de novembre en observant certains récipiendaires venus chercher leur diplôme de CQP d’assistant funéraire affublés d’une chemise débordant d’un jean et chaussés de baskets.
S’aimer, c’est honorer sa propre image lorsqu’on est destinataire d’un rite. L’oublier, c’est être dans l’immédiat incapable de servir efficacement des rites profitables aux endeuillés. Une telle approche du métier n’implique pas pour autant une rigidité formelle. Un peu d’humour apparaît même au quotidien
comme un chapelet de cadeaux gratuits, offerts dans la grisaille oppressante des soucis de chacun.
C’est dans cet esprit que ce magazine est déposé sous votre sapin de Noël avec l’espoir que vous soyez mort de rire en vous faisant rire de la mort…

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N°324
05/2024
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