Editorial : avançons jusqu’à Pâques

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En Occident, la vieillesse et les funérailles sont comparées à l’hiver de la vie.
A notre avis, une telle opinion mérite d’être revue.
Si effectivement l’acheminement vers la mort est un hiver, le moment des funérailles
est en revanche déjà un printemps.
Certes le moment de la reconnaissance du corps tombe comme un tranchet
dans l’âme de l’endeuillé mais très rapidement la déroute se transforme en
stratégie de résistance.
C’est bel et bien très tôt dans le déroulement des obsèques qu’apparaissent
les éléments de reconstruction affective et spirituelle qui seront en oeuvre par
la suite.
Le professionnel funéraire non seulement assiste à ce phénomène mais de surcroît
y participe, quand il n’en est pas lui-même le chef d’orchestre bien inspiré.
L’intervention thanatopraxique (toilette ou soins), en sauvant la dernière image
du défunt, déclenche souvent une première réaction positive dans l’esprit de
l’endeuillé. Mais ce n’est qu’un début. Le moindre geste, la moindre attitude
des professionnels peut collaborer au processus d’évolution psychologique des
proches dans ces moments difficiles.
Prenons par exemple la manipulation du corps pour le placer dans le cercueil.
Il est possible de le poser de manière mécanique, souvent maladroitement dans
ce cas, ou au contraire de l’embrasser avec force et délicatesse à la fois, sans
crainte et avec respect.
Favoriser le travail du deuil, c’est aussi détecter le rythme propre à chaque famille,
dans chaque étape des funérailles, deviner quand il faut ralentir ou au
contraire accélérer les choses comme on pourrait faciliter en mars la poussée
des perce-neige. Les expressions sur les visages, les mains qui se trouvent et
les bras qui s’étreignent sont autant de bourgeons que l’on doit protéger des
dernières gelées d’hiver.
Encore faut-il être à la hauteur de l’émotion du moment.
On ne peut pas tricher avec l’humain sauf à revêtir le costume de l’hypocrite
qui verse sa grosse larme. Ne pas tricher, c’est avoir la force d’assurer toujours
et encore les funérailles d’aujourd’hui comme si c’était les premières de la carrière,
en n’oubliant pas que le défunt est l’équivalent de notre propre parenté.
C’est s’exposer certes, à titre personnel. Mais c’est aussi accompagner les familles
dans leur Pâques tout aussi lumineuse que douloureuse. Plus tard, bien
plus tard, elles vivront la guérison du deuil comme une résurrection. Mais vous,
professionnels du funéraire, vous intervenez pendant le mystère psychologique
de la «nuit pascale» dans l’esprit de l’endeuillé.
Sans aller jusqu’à prétendre mordicus que vous êtes les passeurs du défunt,
vous pouvez néanmoins vous considérer comme des «sages femmes de la
mort» accouchant l’arrivée de nouveaux êtres, transformés par la mort d’un
proche…

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N°328
02/2025
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