vive la pandémie donc ?

La récente foire de Vérone, même divisée par deux en terme de volume, a confirmé l’insolente santé de la filière pierre européenne, à un niveau sans doute jamais atteint de manière aussi partagée sur le Vieux Continent. Italiens, Espagnols, Belges, Français... que nous avons croisés avaient tous le même discours ou presque. Du boulot par dessus la tête, des délais qui s’allongent tant pour leurs investissements que pour leurs livraisons, un besoin urgent de main d’œuvre qu’ils ne trouvent pas, etc.

Quel plaisir, pour une fois, d’entendre les professionnels de la pierre se plaindre de cette manière ! Ils sont même près à augmenter leurs prix de vente si ce n’est déjà fait... Du jamais vu ou alors depuis si longtemps que personne ne s’en souvient.

Nous l’avons déjà écrit plusieurs fois, mais depuis le début de la pandémie, la difficulté à importer depuis l’Asie, surtout à cause de la rareté, semble-t-il entretenue, des containers et des bateaux, et donc de coûts de transport devenus presque prohibitifs, s’est ajoutée à la prise de conscience sociétale du besoin de productions plus respectueuses de l’environnement. Celui-ci s’exprime par le choix de matériaux naturels plutôt qu’industriels, et par une origine la moins lointaine possible, lorsque celle-ci n’est pas carrément locale. Le cas du réaménagement de la Place de la Comédie à Montpellier évoqué p.14 de ce numéro illustre parfaitement la situation, tant dans à travers ce qui est dit, que ce qui n’est pas dit...

Si le commerce mondial retrouvera sans doute prochainement une organisation plus rationnelle et des niveaux de prix de transport qui ne s’envolent plus mois après mois, la relocalisation des productions à proximité, qui n’en n’est qu’à ses débuts, s’inscrit vraisemblablement dans le très long terme. Si, aujourd’hui, elle pose à tous des problèmes d’organisation, ceux-ci se résoudront plus vite que ne se retournera la tendance. La filière pierre naturelle a ainsi de très beaux et longs jours devant elle.

Vive donc la pandémie... surtout depuis qu’elle est à peu près contenue...