Bonne année, bien entendu ! En tant que professionnels funéraires, votre pratique quotidienne du métier vous plonge au coeur de l'intimité des familles. Vous participez en conséquence à des rites qui se rattachentau passé. Il peut se dégager alors en vous la conscience d'être connectés au fondement même de notre culture qui a fortement développé des valeurs morales et spirituelles (valeurs chrétiennes, démocratie, écologie etc.). Pour autant, cette impression fait de vous des privilégiés car la plupart des Français n'entendent plus ces valeurs dans leur quotidien toujours plus pressé. Cette spécificité de votre métier, soyez en certains, est éminemment précieuse. Elle apparaît comme un recours salutaire à une époque où le rôle des prêtres s'estompe en funérailles, au moment où les funérailles dites civiles vont en se multipliant. C'est donc vous qui détenez la clé pour que les funérailles de demain ne soient pas désespérément matérialistes. Et c'est vous aussi qui serez en première ligne de responsabilité si une catastrophe majeure s'abat sur la population (pandémie, action terroriste de grande ampleur etc.). L'armée, l'Etat et ses services constitués seront dans cette circonstance accaparés par le maintien des fonctions vitales du pays. Les professionnels funéraires seront alors appelés pour apporter une solution au problème posé par les cadavres. Or, dans l'état actuel d'organisation de la filière et sous la contrainte de lois sociales étouffantes, il faut craindre une réponse insuffisante et inadaptée des professionnels aux exigences d'une catastrophe surdimensionnée. La question du sens donné aux funérailles apparaîtra alors dans toute sa dimension essentielle, liée notamment au maintien de l'ordre public. De fait, les obsèques donnent envie de participer à une vie collective, d'y croire, ou au contraire de fuir une société des hommes qui apparaîtrait comme une société de loups. Or, le problème n°1 de la société française est son décrochage progressif des principes qui l'ont fondé. Exemple probant, le système économique devient absurde et s'éloigne à grands pas des nécessités humaines (les SDF peuvent en témoigner). Il faut donc un sursaut salutaire. Les professionnels funéraires peuvent y apporter une contribution particulièrement utile. Ils peuvent notamment encourager l'expression de valeurs civilisatrices à l'occasion des funérailles. Mais en outre, pour être crédibles dans leur rôle, ils devront injecter ces valeurs dans le mode de gestion de leur entreprise. Cela nécessitera une revalorisation des carrières de porteurs, fossoyeurs et maîtres de cérémonie, avec stabilité de leur emploi. Cela nécessitera aussi une crédibilité des pratiques tarifaires. Et enfin, cela débouchera sur des facilités nouvelles de transmission des entreprises tournant le dos à des exigences bien souvent irréalistes. L'heure n'étant plus aux simples constats, chacun doit trouver ses propres solutions. L'entreprise funéraire de demain devra montrer aux Français qu'elle est à la pointe de leurs souhaits dans le domaine de la justice sociale...