Editorial

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Deuil de pierre...

“Nous avons brûlé deux fois, mais deux fois nous avons resurgi de nos cendres, plus forts. Nous sommes à vos côtés, amis, alors ne craignez rien !”

Ce n’est ni un message religieux, ni une phrase tirée d’une cérémonie de crémation, mais l’espoir et le soutien inhérents aux pompes funèbres sont pourtant bien présents dans ce message de la Fenice (l’Opéra de Venise), à Notre-Dame de Paris.

Message rare, à peine évoqué, c’est pourtant peut-être ce qu’il faudrait mettre plus en avant en ce moment où l’on parle déjà de reconstruction (et en cinq années s’il vous plaît). Alors que l’on se demande s’il faut cloner la cathédrale, la reproduire, la réhabiliter, la transformer, ou l’améliorer ; peut-être pourrions nous également nous demander dans un premier temps si nous ne pouvions pas en faire le deuil ?

Deuil. Mot trop fort ? La cathédrale n’est pas morte. En effet. Cependant c’est bien la cathédrale telle que nous la connaissions qui a disparu. Et bien que nous puissions la reconstruire, elle ne sera plus jamais la même. Ainsi, nombreuses sont les personnes qui pleurent la destruction/disparition partielle de cette entité.

Même partielle, la perte engendre tristesse, chagrin et douleur. Je pense donc que, de fait, l’incendie de Notre-Dame de Paris, peut être perçu comme un événement apportant à chacun ayant trait à l’Histoire, à l’Art, ou à la religion, une émotion comparable à la disparition d’un être aimé.

Un être aimé cristallise des valeurs, des émotions, des périodes auxquelles nous nous attachons ; un monument quant à lui cristallise des valeurs, des émotions, des périodes auxquelles une société s’attache.

Ainsi, comme nous l’avons vu aux Assises du Deuil, récemment organisées à Paris, hasard du calendrier, la frénésie de notre époque ne laisse plus de temps ni d’espace au deuil. Cathédrale en flammes : et pour sa reconstruction ? Grand-mère en crémation : et pour sa succession ?

“Faites réparer ces beaux et graves édifices. Faites-les réparer avec soin, avec intelligence, avec sobriété. Vous avez autour de vous des hommes de science et de goût qui vous éclaireront dans ce travail. Surtout que l’architecte restaurateur soit frugal de ses propres imaginations ; qu’il étudie curieusement le caractère de chaque édifice, selon chaque siècle et chaque climat. Qu’il se pénètre de la ligne générale et de la ligne particulière du monument qu’on lui met entre les mains, et qu’il sache habilement souder son génie au génie de l’architecte ancien”. Victor Hugo, Guerre aux Démolisseurs, 1832

Comprenez :  faites réparer ces beaux et graves êtres. Faites-les réparer avec soin, avec intelligence, avec sobriété. Vous avez autour de vous des hommes de science et de goût qui vous éclaireront dans ce travail. Surtout que l’opérateur funéraire soit frugal de ses propres imaginations ; qu’il étudie curieusement le caractère de chaque être, selon chaque âge et chaque culture. Qu’il se pénètre de la ligne générale et de la ligne particulière du défunt qu’on lui met entre les mains, et qu’il sache habilement souder son génie au génie de la famille.

 

Et pourtant...y a pas (encore) le feu !

Difficile après ce beau texte de revenir sur Notre-D(r)ame de Paris !

Pourtant, au-delà du “blasphème” rigolo (ou pas), reliant Eglise catholique et crémation,  entendu après la catastrophe, et ces torrents d’émotion et de charité, pas toujours très chrétienne, suscités par l’incendie, celui-ci nous a rappelé que... le bois ça brûle très bien !

Et même mieux que le carton, comme nous vous l’expliquons dans ce numéro largement consacré au cercueil, sous toutes ses formes : rachat d’entreprise, derniers décrets concernant les agréments, initiatives parti- culières, caractéristiques techniques, le bois, le carton, réflexion sur le thème de la personnalisation...

Le rapport de la Cour des Comptes (cf. Funéraire Magazine 292), lui, n’a pas vraiment mis le feu à la filière, mais a suscité des réactions, notamment celle de la Fédération Française de... Crémation.

S’il a également généré une réponse très précise de la CPFM, sur plusieurs des principales problèmatiques relevées par les Magistrats, la Confédération s’est attelée à analyser un rapport de la DGCCRF, qui, pendant l’année 2017, a audité près de six cents établissements de tout type, privés et publics du secteur funéraire.

Et là, il y a urgence à éteindre les braises qui couvent, certes parfois sur des incompréhensions de la réalité des activités, mais aussi sur des pratiques non conformes à la règlementation, en particulier en matière d’information des familles. Richard Féret Directeur Général Délégué de la CPFM et ses équipes, travaillent sur le sujet  (cf. p. 24).

Une fois de plus le secteur funéraire est sous les feux de la rampe... ce qui lui impose, si ce n’est de se reconstruire, de faire le deuil d’anciennes pratiques et de mettre en conformité certaines d’aujourd’hui.

Pour son bien, et, surtout, celui des familles.

293
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Fiche technique

Numéro du produit
293
Type de produit
Funéraire magazine
Genre du produit
Editorial
Date du produit
2019-03-01 00:00:00
Numéro en cours
N°322
03/2024
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