éditorial

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Somme toute

Un signe fort est apparu sur le marché depuis un an : le rachat par OGF de pompes funèbres sur base de plusieurs années de chiffre d’affaires (et pas seulement au vu du résultat d’exploitation). Même Funecap n’a pas surenchéri dans ces cas emblématiques.

Ce signe nécessite au moins une explication, à défaut d’une réponse.

Le rachat à hauteur comptable stratosphérique traduit soit un état de faiblesse (reprendre désespérément un volume d’affaires) soit un état de force (acheter même à prix incroyable des parts de clientèle sur un futur marché où le profit sera encore plus incroyable).

Depuis vingt ans, toutes les études marketing de filière démontrent une profitabilité exceptionnelle d’OGF comparée à la moyenne de la branche. A l’analyse, c’est avec un certain plaisir intellectuel que je constate que le groupe est en avance sur la mutation du panier vendu aux familles, la part des produits cédant progressivement de la place à celle des services. Il y a donc un bon pilote dans l’avion. Mais cela n’explique pas tout.

La profitabilité repose sur le triptyque, fournisseurs, masse salariale et prix de vente moyen. A ce niveau, la gestion d’OGF est probablement arrivé à la limite du possible.

J’ai des raisons de penser que les audits avant opération boursière ont parfaitement analysé cet aspect de la situation avant d’émettre leur rapport au commanditaire.

Si les Canadiens ont décidé, malgré celà, d’investir dans OGF, c’est que la profitabilité attendue dépendra d’autre chose, c’est-à-dire immanquablement du fait de se positionner en acteur majeur de l’application de la prévoyance funéraire (25 % des convois payés par contrats en 2016, le double bientôt, avec, de plus, augmentation de la mortalité).

Si tel est le cas, ce que je crois, il y a du souci à se faire quand on est une PME travaillant en milieu urbain. L’argument de dire que c’est un fonds de pension qui investi à long terme ne tient pas la mer (voir la vente des valises Sansonite par le même fonds).

Dès lors, est-il normal qu’aucune organisation représentative ne se donne les moyens d’avoir un observatoire efficace sur les négociations menées à l’échelle nationale alors même qu’en prévoyance funéraire, il ne s’agit pas essentiellement de contrats collectifs d’assurance mais bel et bien d’accords pour organiser des pompes funèbres ?

Comment expliquer en outre qu’on ait pu prétendre depuis 1995, sans contradiction sauf dans Funéraire Magazine, que les principes de morale publique (pas de prise d’intérêt à l’occasion ou en prévision des funérailles) ne s’appliquent pas aux contrats obsèques vu l’article L2223-33 exonérant les formules de prévoyance funéraire ?

Pour la partie financière, l’exonération de principe est normale, certes, tout comme pour le devis funéraire quand celui-ci ne sert que de référence pour calculer le niveau de couverture financière. Mais cela devient anormal et immoral quand le contrat de prévoyance ligote par avance une clientèle en la rabattant ou en la forçant de faire appel à un professionnel de pompes funèbres désigné sur contrat.

Qui peut soutenir qu’il est dans l’intérêt des proches de leur ôter tout pouvoir de négociation et de contrôle quand s’applique le contrat obsèques ?

Qui peut soutenir la thèse qu’il est normal de se voir chargé d’organiser des funérailles sans qu’un contrôle impartial et réaliste ne soit missionné pour surveiller la bonne exécution du contrat, le cas échéant ?

Pour avoir voulu conforter leur petit fonds de commerce personnel à l’échelle locale, les PME ont permis que s’applique une logique identique à l’échelle nationale entre grands comptes, assureurs d’un côté et groupes ou réseaux funéraires de l’autre.

Le retour d’ascenseur arrive désormais pour des PME qui n’ont pas su se différencier

d’ OGF dans ses positionnements stratégiques et jouer au contraire pleinement leur rôle de défense des libertés familiales. Elles auraient dû insister sur le fait que le contrat obsèques a surtout vocation de protéger les proches et non les dernières volontés du défunt qui, elles, sont déjà défendues par la loi du 15 novembre 1887.

Se positionner sur la défense des dernières volontés au delà des dispositions essentielles, en y injectant une partie commerciale, revient parfois (souvent?) à léser les proches. Avec une telle tactique, les PME urbaines y laisseront finalement leur peau…

276
99 Produits

Fiche technique

Numéro du produit
276
Type de produit
Funéraire magazine
Genre du produit
Editorial
Date du produit
2017-05-01 00:00:00
Numéro en cours
N°322
03/2024
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