Editorial

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Tout un symbole !

Le décès de Jacques Marette le 8 mars dernier prend l’allure d’un repère fondamental dans l’évolution de la filière funéraire. Ses obsèques précèderont de peu l’officialisation de nouvelles règles concernant la pratique thanatopraxique dont il fut le promoteur historique dans notre pays.

Un homme nous quitte et avec lui peut être aussi toute une logique de travail qui a façonné le marché funéraire français depuis cinquante ans. C’est en effet lui qui est allé étudier la thanatopraxie en Angleterre et qui, fraîchement diplômé BIE, est revenu en France avec la volonté d’y développer cette technique.

Le deuxième déclic fut sa rencontre avec André Chatillon, Président de Roblot dans les années soixante et porté personnellement sur l’innovation funéraire telle qu’il l’avait découverte aux USA. Tous deux ont lancé en commun des expériences sur la Côte d’Azur avec l’ouverture d’une première chambre funéraire à Menton et le déploiement des services thanatopraxiques.  Pour y parvenir, André Chatillon embaucha Bruce Excel, un Anglais diplômé du BIE, qui se chargea de la thanatopraxie sur la Côte d’Azur tandis que Jacques en fit de même sur la Région parisienne avec le succès qu’on lui connut ensuite sur toute la France.

Ce que nos deux précurseurs ont lancé à l’époque, notamment entre Mandelieu et Menton, est devenu un classique du métier puisqu’on associait pour la première fois la présentation du défunt dans un établissement spécialisé avec la réalisation préalable de soins. Même si la thanatopraxie s’est surtout développée jusque dans les années 80 avec la pratique à domicile et/ou sur corps accidentés ou problématiques, son niveau actuel de recours en France correspond désormais plutôt à de nouvelles habitudes du dernier hommage.

Une telle évolution, dominée par la généralisation commerciale d’une technique plus complexe qu’une simple toilette funéraire, n’est plus accompagnée par la réflexion scientifique comme elle a pu l’être depuis les années 60 jusqu’aux années 90.

On a peut être trop pensé que dans ce domaine en France, les choses étaient acquises et indiscutables en l’état. Or, ne fallait-il pas encore et toujours se poser les questions conditionnant l’avenir de cette spécialité, si difficiles et contrariantes soient-elles ?

Dans le contexte de son décès, je crois juste et pertinent de signaler que Jacques Marette ne m’a jamais ni critiqué dans mes efforts de recherche dans ce domaine ni soumis à pression en tant qu’annonceur du magazine. Il était respectueux de la presse, de sa liberté et des objectifs d’évolution attachée à toute pratique professionnelle, attitude restée constante à ce jour chez Hygeco à l’égard de notre revue.

Il n’y a rien d’étonnant dans cette attitude respectueuse de dossiers techniques contrariant les habitudes ou les certitudes acquises car lui-même fut pendant longtemps un pivot de l’intelligence de filière.

En effet, on l’a vu dans les années 80 proche du professeur Louis Vincent Thomas (société de Thanatologie) et de Jean-Pierre Drault AET (association européenne de thanatologie), entre autres personnalités marquantes. C’est lui qui fonda la FIAT-IFTA, société de réflexion professionnelle funéraire à l’échelle planétaire, appuyé dans cette démarche par chaque président successif d’OGF. Le jeune professionnel que j’étais, qui eut parfois le bonheur d’assister à leurs travaux, peut vous assurer que c’était un collectif de personnalités qui avaient vraiment de la classe et de l’expertise.

C’est le défaut, en France, de mobilisation permanente d’un tel collectif interdisciplinaire depuis les années 90 qui a soustrait aux professionnels funéraires les moyens d’infléchir les travaux récents du CNOF alors que la réglementation touchera bientôt négativement la thanatopraxie.

Les géants d’hier n’étant plus de ce monde, en accompagnant le dernier d’entre eux en l’église de Lamorlaye, j’en suis venu à espérer l’émergence d’une  nouvelle dynamique d’hygiène funéraire au service du public, reconnue comme telle et développée par les professionnels. Elle viendra, je l’espère et même j’y crois…

274
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Fiche technique

Numéro du produit
274
Type de produit
Funéraire magazine
Genre du produit
Editorial
Date du produit
2017-03-01 00:00:00
Numéro en cours
N°322
03/2024
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