Editorial : la liberté du prix et le prix de la liberté

Depuis près de vingt cinq ans, la sortie du monopole est vécue lentement mais inexorablement par le funéraire. Sur le plan syndical, la CNPFL (Confédération Nationale des Pompes Funèbres Libres) n’y a pas survécu longtemps alors qu’elle fut à la pointe du combat contre le monopole.

La mixité des activités de pompes funèbres et de marbrerie, conséquence directe et rapide de la libre concurrence dans la filière, a aussi entraîné la disparition de la FNMF (Fédération Nationale de la Marbrerie Funéraire).

La FFPF, alternative nationale à la FNPF (syndicat des pompes funèbres délégataires de services publics), fut hégémonique dans une première décennie (1993-2003), avant de vivre à retardement une crise ressemblant, en partie seulement, à celle de la CNPFL tout en y survivant encore aujourd’hui.

Mais la FFPF «canal historique» est aujourd’hui ravagée.

Témoin l’affaire Marin reprise l’année dernière par OGF et désormais, sous réserve de confirmation formelle (information récente), l’affaire Guizard.

Il est d’ores et déjà acquis le fait que beaucoup d’entreprises à taille régionale, membres emblématiques de la FFPF, ont été reprises ou ne tarderont pas à l’être.

Ainsi, toute entreprise bénéficiant notamment d’une gestion déléguée de crématorium(s) sera destinataire d’offres concurrentes de rachat.

En outre, le marché évolue désormais en ville autour de quelques enseignes nationales qui résumeront bientôt à elles seules l’offre au public citadin, à l’identique de ce que l’on voit dans nos zones commerciales partout en France.

Cette concentration de plus en plus visible des enseignes et/ou des blocs capitalistiques (appelée consolidation du marché) s’accompagne d’un autre phénomène : la tension des prix à la baisse.

Sur ce point particulier, notez bien qu’il n’y a aucune surprise car l’incidence du prix des funérailles a plus que doublé en coût réel (corrigé de l’inflation) pour les familles en l’espace de trente ans alors même que l’économie française, dont dépendent les finances des ménages, a été déclassée par la mondialisation et stérilisée par la ponction de l’Etat à hauteur de 57 % du PIB.

Or si l’offre a jusqu’ici façonné la demande, c’est l’inverse désormais, notamment via Internet, sous pression d’un pouvoir d’achat sinistré pour beaucoup de nos concitoyens.

Souples et performantes, les PME n’en sont pas pour autant déclassées concurrentiellement mais il leur faudra penser autrement qu’en imitant les «gros». La manière dont OGF ou Funecap peuvent investir sur une zone économique ne doit surtout pas être celle des PME car si tout un chacun devra être performant en matière de rapport qualité/prix, les uns et les autres appliqueront des méthodes différentes pour y arriver.

C’est surtout à ce niveau d’intervention que les réseaux d’enseigne peuvent être utiles. A condition qu’ils s’en donnent les moyens stratégiques et intellectuels…