On pensait avoir tout lu et tout entendu sur les appellations frelatées de la pierre, mais là nous atteignons un sommet... Pour qualifier les murs du lycée hôtelier Guillaume Tirel à Paris, son architecte, ou en tout cas ce qu'en rapporte l'article de presse qui présente ce projet, parle de, tenez vous bien, “pierre liquide teintée dans la couleur de Paris” ! En fait du béton à la formulation très précise, associé à un écran de verre. On connaissait la pierre reconstituée, la pierre synthétique, la fausse pierre... mais la pierre liquide, c'est sans doute une première. Si l'on veut qualifier le matériau utilisé sur ce bâtiment de “liquide”, pourquoi donc ne pas appliquer l'adjectif au mot béton ? Parce que la pierre est synonyme de noblesse pour ce bâtiment implanté sur le très haussmanien boulevard Raspail, proche du cimetière du Montparnasse et de “ses dernières demeures d'intellectuels et d'artistes”, comme le souligne l'article ? Béton serait-il devenu un mot trop vulgaire, alors que partout - dans cet article aussi - on loue ses performances ? Quel manque de respect pour ce matériau qui, il faut quand même le rappeler, construit aujourd'hui l'essentiel de notre environnement... Contre notre gré, nous nous étions déjà pratiquement résolus à utiliser le qualificatif de naturelle derrière le mot pierre. Faudra-t-il maintenant y ajouter solide ?